Le retour aux sources

Autrefois, dans nos campagnes, l’alimentation des canards se résumait souvent à quelques solides pâtées préparées avec des déchets de table, des pommes de terre bouillies et de l’eau grasse. On disait alors, à juste titre, que les canards n’étaient pas exigeants. S’ils restent des animaux rustiques, l’approche moderne, a fortiori en permaculture et en bio, cherche à optimiser leur santé et leur bien-être pour obtenir des produits d’excellence.
Voici comment repenser l’alimentation de vos palmipèdes pour allier tradition, qualité biologique et autonomie alimentaire.

Une nourriture bio essentielle

La base d’un élevage sain réside dans la qualité des intrants. « On est ce que l’on mange » s’applique aussi à vos volailles. Opter pour une nourriture certifiée biologique ou produite sur votre ferme sans intrants chimiques garantit :
L’absence de pesticides et d’OGM dans la chaîne alimentaire.
Une meilleure santé immunitaire pour le canard.
La qualité nutritionnelle et gustative supérieure pour les œufs et la chair.

Comprendre le régime alimentaire du canard

Le canard est un omnivore opportuniste. Contrairement à la poule qui gratte, le canard fouille et filtre. Son régime doit être équilibré entre :
L’énergie : Apportée par les céréales (maïs, blé, orge).
Protéines : Nécessaires pour la croissance et la plume (tourteaux, légumineuses, insectes).
Minéraux et vitamines : Issus de la verdure et des compléments.

L’indispensable parcours :

Le bien-être avant tout
En permaculture, le canard n’est pas seulement un animal d’élevage, c’est un partenaire. Il est indispensable d’attacher une grande importance aux espaces de parcours.

Un beau parcours, c’est :

L’espace : Pour éviter le piétinement excessif et l’accumulation de parasites.
De la biodiversité : Le canard va glaner une grande partie de sa nourriture (limaces, vers, insectes, herbe tendre), ce qui réduit votre facture alimentaire.
Enfin l’eau : Une mare ou un accès à l’eau est crucial pour qu’ils puissent nettoyer leurs sinus et lisser leurs plumes.

En effet, canard qui a accès à un parcours riche et vivant aura des besoins en compléments protéiques nettement réduits.

Deux exemples de recettes de pâtées « Maison »

Voici deux recettes équilibrées pour l’alimentation bio de vos canards. Ces pâtées humides sont très appréciées car elles sont faciles à ingérer pour eux. Ces recettes s’adressent à des canards disposant d’un beau parcours.

Le secret de la préparation : Une texture parfaite (Souvenirs d’enfance)

Au-delà des ingrédients, la réussite réside dans le tour de main. J’ai des souvenirs impérissables où autrefois, enfants à la sortie de l’école, ce travail nous était dévolu. Ce n’était pas une mince affaire, car le résultat devait être impeccable. C’était une véritable gageure pour nous !
La règle d’or est que la pâtée doit avoir une texture ni trop liquide, ni trop sèche :

    • Trop liquide : Les canards goulus s’amusent plus qu’ils ne mangent. À grands coups de bec et de tête, ils éparpillent la précieuse nourriture dans tous les sens.
    • sèche : La texture poudreuse les rebute et ils la délaissent

.

Il faut viser une consistance humide et grumeleuse qui s’agglomère légèrement sans couler.

 1 – La Pâtée à base de pomme de terre

Idéale pour valoriser les écarts de tri de vos cultures de pommes de terre.

  • 50 % de pommes de terre cuites et écrasées (source d’énergie digestible).
  • 25 % de son (pour les fibres et le volume).
  • 10 % d’orties hachées (apport minéral exceptionnel).
  • 10 % de tourteaux d’arachides ou de colza (protéines végétales concentrées).

2 –  La Pâtée riche aux tourteaux

Une recette plus complète pour les périodes de croissance ou de ponte intense.

  • 25 % de grains mélangés (orge, blé, avoine).
  • 20 % de tourteaux d’arachides ou de colza (protéines végétales concentrées).
  • 15 % de verdure hachée (orties, consoude, choux…).
  • 20 % de son.
  • 20 % de farine de maïs.

La distribution de grain de qualité

En complément des pâtées ou en base alimentaire, le grain reste incontournable, particulièrement le maïs bio concassé.
Pourquoi concassé ? Il est plus facile à digérer pour le canard que le grain entier.
La règle d’or : Veillez à une hygiène irréprochable. Le grain ne doit présenter ni moisissures ni salissures. Les canards sont très sensibles aux mycotoxines qui se développent dans les grains mal stockés ou humides.

Les compléments alimentaires naturels

Pour booster la santé de votre troupeau, surtout en hiver ou en période de mue, intégrez à vos pâtées ces « super-aliments » :
Graines germées : De véritables bombes vitaminées. Faire germer l’orge ou le blé quelques jours avant de les donner multiplie leur teneur en vitamines et enzymes.
Poudre d’ortie : Si vous n’avez pas d’orties fraîches, la poudre séchée est un excellent reminéralisant (fer, magnésium).
Huile de foie de morue : À donner avec parcimonie (mélangée aux grains ou à la pâtée). Elle est riche en vitamine D et A, précieuse pour fixer le calcium et passer l’hiver sans carence.

Quand et à quelle fréquence distribuer l’alimentation ?

Pour terminer ce tour d’horizon, le rythme de nourrissage est essentiel. Savoir quand nourrir est tout aussi important que savoir quoi donner, surtout en permaculture où l’on cherche à ce que l’animal interagisse avec son environnement
tout dépend de la configuration de votre élevage, notamment de la taille du parcours et de la présence d’une mare ou d’un étang.

  • Sur un petit parcours : Prévoyez une distribution le matin et une le soir. L’espace réduit limitant les ressources naturelles disponibles, l’apport de l’éleveur doit être régulier.
  • Le meilleur, un grand parcours : Une seule distribution le soir suffit généralement. Vos canards passeront la journée à chercher de quoi se nourrir sur le parcours (insectes, herbe), exerçant ainsi leur comportement

naturel. Le repas du soir sert de complément et les encourage à rentrer.

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