Réguler les hannetons et les vers blancs en Permaculture

Le hanneton et sa larve, le « ver blanc », sont des habitants naturels de nos écosystèmes, mais leur prolifération dans un jardin, souvent signe d’un sol jeune ou déséquilibré, peut causer des dégâts majeurs. En permaculture, l’objectif n’est pas d’éradiquer ce coléoptère, dont le cycle est long (3 ans), mais de gérer sa population en favorisant un sol vivant et une biodiversité maximale pour attirer ses nombreux prédateurs.

Description du hanneton et de sa larve le ver blanc

• Melolontha melolontha, le hanneton est un grand coléoptère (2-3 cm) brun-roux et velu, qui vole bruyamment au crépuscule au printemps.
• Sa larve, le « ver blanc », est un gros asticot blanc-jaunâtre, charnu et arqué (en forme de C), avec une tête brune et six pattes distinctes à l’avant, qui vit plusieurs années dans le sol.

Plantes infestées

• Les adultes (hannetons) dévorent les feuilles des arbres feuillus, comme les chênes, les hêtres ou les arbres fruitiers.
• Les vers blancs (larves) sont polyphages et très redoutées au potager : Voraces, elles s’attaquent aux racines des pelouses, fraisiers, salades, pommes de terre, et de nombreux jeunes plants.

Attention à ne pas confondre la larve du hanneton et celle de la cétoine dorée !

Voici les principales différences visuelles pour distinguer ces deux larves :

• La larve de cétoine dorée (l’utile) a une petite tête et un abdomen très volumineux à l’arrière (son « derrière » est plus gros que sa tête). Ses pattes sont courtes. Elle est généralement de couleur blanc grisâtre et se trouve le plus souvent dans le compost ou le bois en décomposition.
• Le ver blanc, larve du hanneton (le nuisible), a une tête plus grosse par rapport à son corps, qui est plus cylindrique et moins « boursouflé » à l’arrière que celui de la cétoine. Ses pattes sont plus longues et développées. Sa couleur tire davantage sur le blanc jaunâtre et on le trouve en pleine terre, près des racines dont il se nourrit.

Sur l’image, la larve de cétoine est celle de droite, reconnaissable à sa petite tête, ses courtes pattes, et la présence de soies sur son dos, qu’elle utilise pour se déplacer sur le dos. La larve de hanneton est à gauche, avec une tête plus imposante, des pattes développées et une « queue » (l’extrémité de l’abdomen) plus foncée.

Symptômes

Au potager, le symptôme le plus caractéristique est le flétrissement soudain de plantes (typiquement les salades ou fraisiers), qui semblent manquer d’eau. En tirant dessus, la plante vient sans aucune résistance, ses racines ayant été sectionnées net sous le collet.

Les dégâts

Les dégâts les plus graves sont causés par la larve, qui sectionne les racines pour se nourrir, entraînant la mort des jeunes plants et l’affaiblissement des cultures établies. Les dégâts des adultes sur les feuilles des grands arbres sont généralement moins graves, sauf lors d’pullulations cycliques.

Prévention en permaculture

La prévention vise à perturber le cycle de ponte et à renforcer la vie du sol. Un paillage épais permanent (paille, BRF) sur le potager et au pied des arbres gêne les femelles qui cherchent à pondre dans la terre nue. Le travail minimal du sol (non-labour) protège les prédateurs naturels des larves.

Traitements bio en permaculture

• – Insectifuges : Il n’existe pas de traitement insectifuge réellement efficace contre les vers blancs déjà installés dans le sol. La plantation de géraniums ou de tanaisie est parfois citée pour repousser les adultes lors de la ponte, mais l’efficacité reste limitée.

• – Curatifs : Le traitement biologique le plus ciblé est l’application de nématodes parasites (Heterorhabditis bacteriophora), à diluer dans l’eau d’arrosage. Ces nématodes chassent activement les vers blancs dans le sol et les tuent. Un griffage superficiel du sol au printemps expose aussi les larves aux prédateurs.
• – Auxiliaires : Les poules sont les auxiliaires les plus efficaces : lâchées sur une parcelle avant la mise en culture, elles nettoient le sol des larves. Les hérissons, les taupes (grandes consommatrices de vers blancs), les musaraignes et les oiseaux (merles, pies) sont d’excellents régulateurs. Les adultes sont chassés en vol par les chauves-souris.