En permaculture et culture bio les engrais chimiques sont à proscrire, on a une alternative : le compost, un amendement et fertilisant indispensable à vos cultures.

Le compostage, la réhabilitation d’une bien ancienne méthode :

Rien de nouveau pour les habitués du jardinage. Autant que je m’en souvienne, le jardin de mes grands-parents, mes parents, le mien ont eu une aire de compostage au fond du jardin. Composé de deux tas : Le tas de matière à composter sur lequel les déchets de cultures, les litières du clapier et du poulailler, les épluchures et les déchets de la cuisine étaient apportés et le tas de compost en formation jusqu’à ce qu’il soit « mûr » pour être utilisé au jardin.

Bien choisir l’emplacement pour votre tas de compost :

Aujourd’hui pour le réaliser leur compost les jardiniers disposent de composteurs qui semblent rendre le travail plus facile, mais le résultat n’est pas toujours au rendez-vous.
Préférez l’ancienne méthode des tas quand cela est possible.
Installez votre aire de compostage si possible non loin d’un point d’eau, car vous serez probablement amené à l’arroser au cours de l’été, une humidité sans excès, mais permanente de sa masse à composter devant être assurée.
Le meilleur emplacement pour l’établissement du compost sera toujours un coin ombragé, à l’abri de l’action desséchante du vent et du soleil, de préférence exposé au nord.
Vous pouvez utilement planter une haie sur le pourtour de l’aire de compostage, elle en assurera sa protection.

Plantez un ou deux sureaux à proximité de vos tas de compost favorise, car les feuilles de sureau en se décomposant aident à la bonne fermentation. En revanche, ne plantez pas de conifères, ils nuisent aux fermentations. Une macération de fleurs d’achillée pendant 24 heures dans de l’eau de pluie facilitera le compostage.

Pour assurer une bonne fermentation aérobie des matières organiques, il faut que la section du tas soit faible afin de faciliter les échanges gazeux. La largeur de 1,20 mètre convient donc tout à fait, la hauteur sera de 80 centimètres à 1 mètre.
Le compost doit toujours être construit sur la terre nue.


Matérialisez les limites du tas de compost avec de vieilles palettes maintenues par de solides piquets.

Bien gérer les tas, la clé de la réussite d’un bon compost :

Bien répartir les matériaux à composter. Pour un compostage réussi, il est indispensable de composer votre tas avec différents matériaux :

  • Les matières carbonées : déchets de tailles, litière pailleuse de vos petits élevages, les feuilles mortes, etc.
  • Les matières azotées : les déchets de cuisines, les déchets verts du potager, les tontes de gazon, etc.

Certains déchets ne sont pas mis au compost :

les produits carnés, les produits laitiers, la litière à chat, les crottes de chien, la sciure et les copeaux de bois à forte teneur en tanin.

  1. Commencez par brasser soigneusement le tas provisoire en veillant à ce que les morceaux de déchets ne soient pas trop gros. Plus les éléments seront petits, plus vite ils se composteront.
  2. Dès que vous avez assez de matière, montez le compost sur son aire par couches horizontales successives. Si les matériaux sont trop secs, il faut arroser le tas, mais sans le détremper. Si, à l’inverse, ils sont trop humides, aérez-les bien en les secouant à la fourche et entassez-les par petites quantités. Les différents matériaux doivent être répartis de façon régulière pour que le compost ait des qualités homogènes.
  3. Brassez régulièrement le tas pour qu’il s’aère. En effet, les microorganismes participant à la décomposition sont aérobies et ont besoin d’oxygène pour vivre. Comme on l’a vu plus haut, les bactéries qui dégradent la matière en premier puis les actinomycètes et enfin les cryptogames ont besoin d’oxygène pour prospérer. Le tas ne doit d’ailleurs pas être tassé, naturellement, le poids des strates l’une sur l’autre suffit.

Votre compost dégage de mauvaises odeurs ?

Sans oxygène, les utiles bactéries aérobies sont remplacées par des bactéries anaérobies. Ces dernières libèrent du méthane ou de l’ammoniac responsable des mauvaises odeurs. La solution : ventilez en remuant régulièrement le tas à l’aide d’une fourche à fumier.

L’activation du compost pour un compostage plus rapide :

Dans la nature les différents matériaux mettent plus d’un an voire plusieurs années pour se transformer en humus. Il est possible de faire démarrer très rapidement et accélérer la fermentation des matériaux à composter au moyen de préparations. Le processus prendra alors seulement quelques mois.
En permaculture, on utilisera de préparations végétales (sureau, bouleau, achillée), des plantes fraiches comme la consoude, l’ortie, la valériane.
Une méthode simple et efficace pour accélérer le compostage c’est d’incorporer dans le tas quelques pelletées de terre du jardin ou mieux encore si vous en disposez du terreau issu des couches chaudes de l’année précédente.

Le coup de feu :

Une fermentation se déclenche alors rapidement. La température monte jusqu’à 70 °C voir plus selon la qualité des matériaux (comme dans les couches chaudes du fumier de cheval pour châssis).
Après avoir plafonné quelques jours aux environs de 60 — C, elle décroit lentement.

Il est possible d’utiliser la chaleur de ce compost au printemps. Posez un cadre fait de planche sur le compost et y placer des terrines de semis et recouvrir d’un châssis Vitré. Les graines semées profiteront de cette chaleur gratuite pour lever rapidement.

Combien de temps pour obtenir un bon compost ?

Un compost bien fait à base d’éléments fermentescibles variés et bien surveillé nécessite ainsi qu’une dizaine de semaines pour se décomposer suffisamment avant de pouvoir être employé en amendement au jardin.
Cependant, si votre tas est riche en matières ligneuses, cellulosiques telles qu’un fumier très pailleux, les feuilles de platane et des brindilles non broyées ont besoin d’un temps de compostage beaucoup plus long. Il est souhaitable alors de brasser grandement le tas plusieurs fois en rajoutant un peu d’herbes pour relancer sa décomposition.

Protéger votre compost des intempéries :

Aussitôt achevé, arrosé et éventuellement activé, le tas doit être couvert pour être protégé du soleil, du vent qui le dessècherait ou de la pluie qui pourrait le lessiver.
S’il s’agit de protéger le tas des fortes pluies qui en plus de le lessiver, l’étoufferait, ne le couvrez pas de bâche ce qui l’empêcherait de respirer.

La meilleure méthode c’est de faire un tas arrondi en tête et recouvert d’une couche protectrice de paille.
Le froid joue aussi un rôle en entravant l’activité bactérienne. Un excellent moyen de contrôle de la qualité du compostage est de vérifier la présence de vers dans le tas une fois passé le « coup de feu ». Les conditions d’humidité, d’aération et de température satisfaites, le compost s’emplit en effet d’une multitude de vers rouges.
Voilà ! Votre compost est prêt, il se délite alors facilement entre les doigts, sans coller, avec une agréable de champignon et de sous-bois.

Comment utiliser son compost en permaculture :

Si on laissait le compost en tas sans y toucher, il passerait par trois stades : Compost jeune, compost mûr et finalement compost minéralisé.
On peut, en fonction de l’utilisation que l’on en veut faire, employer un compost « jeune » ou « mûr » car les propriétés en sont différentes.
Un compost jeune :
En permaculture, un compost incomplètement décomposé peut terminer son évolution en paillis sur le sol dont il excite l’activité microbienne.
Il pourra aussi servir dans les trous de plantation de certains légumes comme les concombres, potirons, tomates, etc.
Un compost mûr :


Il peut être utilisé tel quel par les plantes. C’est le terreau idéal pour ceux qui pratiquent la culture d’un potager, qui rempotent des plantes vertes. Il amendera avec efficacité la terre des trous de plantation des arbres et des arbustes aussi bien au verger qu’au jardin d’agrément.
À ce stade c’est un améliorant physique et un fertilisant. Tous les végétaux de jardin peuvent le supporter et il peut être enfoui, même en fortes quantités.

Quelle quantité de compost pour le potager ?

Pour votre potager, vous pourrez épandre 5 kilos de compost par mètre carré pour un terrain de fertilité moyenne.
Deux méthodes :

  • Tel quel, s’il est bien décomposé.
  • Tamisé, s’il présente encore des morceaux de brindilles non décomposés. Les parties plus grossières que le tamis aura arrêtées iront rejoindre le tas provisoire de compost.
    Répandez toujours en couche de 3 à 5 centimètres et griffez aussitôt. N’enterrez jamais profondément votre compost.

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