Quand l’hiver arrive et se fait piquant, pour nous les humains, on se met en mode « cocooning ». Et notre premier réflexe, c’est de regarder nos poules en se disant : « les pauvres, elles doivent être gelées ! »
Et c’est là que les ennuis commencent.

Bien-être hivernal pour vos poules… si vous évitez ces 8 erreurs !

Une poule rustique, c’est un petit radiateur sur pattes, bien mieux isolé que nous. Elle supporte sans broncher un -10 °C sec, alors des périodes de canicule à 35 °C voir 40 °C comme on peut en supporter depuis quelques années, peuvent la tuer.
L’hiver, le vrai danger pour elles, ce n’est pas le froid. C’est l’humidité et les courants d’air.
Le problème, c’est que nos bonnes intentions sont souvent leurs pires ennemies. En voulant « trop bien faire », on crée des catastrophes. Mais à l’inverse, la négligence peut être aussi fatale.

Quand vouloir trop bien faire tourne au désastre !

C’est le syndrome du « parent-poule » (sans mauvais jeu de mots !). On projette nos propres sensations sur elles, et on fait tout de travers.

– Chauffer le poulailler : C’est l’erreur n° 1, la fausse bonne idée absolue. Pourquoi ?

Vous créez une ambiance tropicale à 15 °C à l’intérieur. Quand la poule sortira boire un coup à -5 °C (car l’abreuvoir doit toujours être à l’extérieur pour les petits poulaillers), le choc thermique peut lui être fatal. Et c’est aussi le meilleur moyen de la rendre malade (rhume, coryza).
Avec l’humidité générée par la litière et la respiration des poules, un radiateur dans un petit espace non ventilé le transforme en un hammam ! C’est un bouillon de culture pour les bactéries et les maladies respiratoires.
Le risque d’incendie : Une lampe chauffante, une installation bricolée, de la paille… vous voyez le tableau. Pas de chauffage !

– Les laisser confinées dans le poulailler :

« Il fait trop froid, restez au chaud les filles ! ». Pire idée. Une poule, ça doit bouger, courir, gratter. Enfermées, elles vont s’ennuyer, stresser, et ça va déclencher du picage (elles s’arrachent les plumes entre elles). Laissez la porte ouverte. Même s’il neige, elles sortiront si elles le veulent. Même si elles détestent marcher sur la neige et restent sur le seuil au début, vous serez étonné de les voir rapidement s’aventurer sur le parcours.

– Boucher toutes les aérations :

C’est le geste qu’il ne faut surtout pas faire ! En voulant empêcher « le froid » de rentrer, on empêche l’humidité de sortir. Or, les poules respirent, elles dégagent de la vapeur d’eau, et leurs fientes dégagent de l’ammoniac. Si vous bouchez tout, vous obtenez un cocktail toxique d’ammoniac (qui brûle leurs poumons) et d’humidité (qui se condense sur les murs, goutte sur la litière et les rend malades). Le froid sec, c’est la santé ; l’humidité froide, c’est le début de graves complications. Aération même en hiver !

– Une suralimentation :

On pense qu’il faut les « gaver » pour qu’elles aient du carburant. C’est en partie vrai : elles mangent plus en hiver pour maintenir leur température. Mais « plus » ne veut pas dire « le double » ou « n’importe quoi ». Une surdose de blé (glucides) ne les aide pas tant que ça. Donnez-leur leur ration habituelle, plus un petit extra (10-15 %) le soir, de préférence riche en protéines et en graisses (comme du maïs concassé ou des graines de tournesol) ou une bonne pâtée à peine tiédie pour « chauffer » la nuit.

– Un comble : mettre des manteaux aux poules (ça existe !) :

J’en ai déjà parlé, c’est le sommet de l’anthropomorphisme ! C’est une catastrophe. La poule se réchauffe en gonflant ses plumes pour emprisonner l’air (comme un duvet). Le manteau plaque les plumes, détruisant cette isolation naturelle. En plus, ça l’empêche de prendre ses bains de poussière vitaux. C’est ridicule et c’est de la maltraitance.

À l’inverse, il y a ceux qui se disent « elles sont rustiques, elles se débrouillent ! ».

C’est vrai, mais il y a un minimum vital, même en climat océanique ou tempéré, où l’on n’est pas à l’abri d’un hiver rigoureux (ou surtout très humide !).

– Absence d’isolation : Rustique ne veut pas dire « invincible ».

Un poulailler en tôle ondulée non isolée, c’est un frigo. Le but de l’isolation (un peu de paille dans un double plafond, des murs en bois épais) n’est pas d’avoir chaud, mais d’éviter les courants d’air glacés et de garder la température juste au-dessus de 0 °C pour que l’eau ne gèle pas en permanence.

– Ne pas entretenir la litière (sauf pour le système de litière permanente) :

C’est le point crucial contre l’humidité. Si la litière est trempée (à cause d’un abreuvoir qui fuit ou de l’humidité ambiante), c’est la cata. Les poules marchent dans la gadoue, l’ammoniac monte, et leurs pattes et crêtes peuvent geler (gelures) à cause de l’humidité. Il faut la garder sèche. (L’exception, c’est la litière accumulée (deep litter) : là, c’est voulu. On ajoute du carbone sec (copeaux, paille) par-dessus, et la fermentation naturelle en dessous crée une petite chaleur. Mais ça demande de la gestion !)

– Négliger la vigilance sur l’infestation de poux rouges et autres parasites :

C’est le piège classique. On se dit : « Chic, l’hiver va tuer les poux ! ». Que nenni ! Les poux rouges ne meurent pas, ils se mettent en « pause » (diapause) dans les fissures, attendant le moindre redoux. Mais s’ils sont encore actifs, ils continuent d’anémier vos poules. Une poule affaiblie par les parasites en plein hiver est une poule qui ne survivra pas. Il faut rester vigilant, même s’il fait froid.

En résumé

Pour un hiver réussi, des poules heureuses en bonne santé, le travail du jardinier-permaculteur éleveur de poules est simple :
Garder la litière SÈCHE.
Assurer une ventilation HAUTE (pour évacuer l’humidité) sans jamais avoir de courant d’air FROID (au niveau des perchoirs).
Fournir de l’eau non gelée et une nourriture un peu plus riche le soir.

 

 

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