Au poulailler bio en permaculture, on considère la poule comme un élément vivant d’un écosystème. Une poule stressée est une poule dont le système immunitaire s’effondre, qui ne pond plus et qui perturbe l’équilibre du groupe. Le stress est l’ennemi n° 1 de la productivité et du bien-être animal.

Les Signaux qui ne Trompent Pas : Apprenez à Lire le Stress sur vos poules et autres Volailles.

La poule exprime son mal-être par des changements de comportement et des symptômes physiques. L’observation (un principe clé de la permaculture) est essentielle pour les repérer :

  1. Arrêt de la ponte : C’est souvent le premier signal d’alarme.
  2. Piquage et cannibalisme : Les poules s’arrachent les plumes entre elles ou se blessent.
  3. Vocalises anormales : Cris stridents, caquetages incessants ou au contraire, silence total et prostration.
  4. Isolement : Une poule qui reste dans un coin, ébouriffée, la tête rentrée dans les épaules.
  5. Signes physiques : Crête pâle, fientes liquides ou anormales, œufs sans coquille (œufs mous).
  6. Agitation : Va-et-vient incessant le long du grillage.

Les causes du stress

Le stress chez la poule est multifactoriel. :

  • Environnementales : Événements climatiques (canicule, grand froid, vent violent), bruits inhabituels (travaux, orage, pétards), changement de poulailler ou de parcours (rotation de pâturage).
  • Sociales, le groupe : Arrivée de nouvelles poules ou d’un coq, changement dans la hiérarchie (mort de la dominante), sursollicitation par le coq (coche trop fréquente).
  • Humaines & Matérielles : Changement de soigneur (vacances), installation mal pensée (manque de perchoirs, mangeoires inaccessibles), changement brutal d’alimentation.
  • Sanitaires & Sécuritaires : Attaque de prédateur (ou simple présence d’un chien rôdeur et même le toutou de la maison), blessures, parasites (poux rouges, vers), maladies.

Conséquences du stress sur la santé et le bien-être

Le stress déclenche une libération de la corticostérone qui a des effets dévastateurs si elle perdure :
Tout d’abord, une baisse de l’immunité : La poule devient vulnérable aux maladies opportunistes (coryza, coccidiose) qu’elle aurait combattues normalement.
La flore intestinale est perturbée, entraînant diarrhées et malabsorption des nutriments.
La qualité des œufs se détériore : Coquilles fragiles, microfêlures, ou arrêt total.
Enfin, le stress rend les poules agressives, pouvant mener à la mort des plus faibles par acharnement du groupe.

Prévenir et limiter le stress (Solutions au poulailler bio en permaculture). Comment Apaiser une Poule en État de Choc ?

Voici comment l’éleveur peut agir préventivement pour chaque cause identifiée : en effet, le premier travail de l’éleveur c’est de rechercher, comprendre, ce qui à emmener les poules ou toute la basse-cour à cet état de stress.

Face aux causes environnementales

Les effets des événements climatiques intenses peuvent être amoindris : Planter des haies et des arbres (strate arborée) pour couper le vent et offrir de l’ombre naturelle. Isoler le poulailler (toit végétalisé ou double paroi) pour tamponner les températures.

Changement de poulailler/parcours :

Si vous pratiquez la rotation (poulailler mobile), déplacez les poules doucement, de préférence la nuit ou au crépuscule quand elles sont calmes. Gardez toujours des éléments familiers à l’intérieur.
Bruit inhabituel dus par exemple par de gros travaux proches du poulailler : L’isolation phonique du poulailler aide (bottes de paille autour). Une musique de fond douce (radio) habitue les poules à un bruit constant, rendant les bruits soudains moins effrayants.

Face aux causes sécuritaires & matérielles

  • Attaque de prédateur :
    Sécuriser réellement l’enclos (grillage enterré, filet électrifié). La présence d’une oie ou d’un chien de protection peut rassurer le groupe. Offrir des buissons bas pour que les poules puissent se cacher rapidement. Des arbustes sur le parcours sont plantés, ils servent de refuge en cas de survol de rapaces.
  • Installation mal pensée,
    Respecter la « Règle des nombres » : assez de place au perchoir (20-25 cm/poule), assez de nids (1 pour 3-4 poules) et plusieurs points d’eau/nourriture pour éviter les embouteillages et la compétition.
  • Changement d’alimentation :
    Faire une transition sur 7 à 10 jours en mélangeant progressivement l’ancien et le nouvel aliment.
  • Changement de soigneur :
    Si vous partez en vacances, demandez au remplaçant de venir une fois avec vous avant. Il doit porter des vêtements de couleurs similaires aux vôtres (les poules sont très visuelles) et respecter strictement les horaires.

 

Face aux causes sociales

  • Arrivée de nouvelles poules :
    Ne jamais introduire une poule seule. Utiliser une cage de « quarantaine/intégration » placée dans le poulailler ou le parcours pendant quelques jours : elles se voient sans se toucher. Intégrer physiquement la nuit.  Lorsque vous devez prélever un animal, faites le soir à la tombée de la nuit.
  • Le coq et son assiduité :
    Respecter le ratio (1 coq pour 8 à 10 poules minimum). Si le coq blesse les poules, mettre des « selles » (protections en tissu) sur le dos des poules ou isoler le coq temporairement. Un perchoir extérieur est accessoire qui permet à la poule de se reposer loin des assiduités d’un coq lorsqu’il y en a.
  • Changement de hiérarchie :
    En cas de bagarre pour la dominance, détourner l’attention. Suspendre des légumes (choux, salades) ou mettre des blocs à picorer pour occuper les esprits et canaliser l’énergie.

Face aux causes sanitaires

Blessures, Parasites, Maladies :
Comme toujours au poulailler bio, une bonne hygiène préventive : Nettoyage régulier, terre de diatomée en préventif.
Plantes médicinales : Ajouter du vinaigre de cidre (non pasteurisé) dans l’eau (acidifie le jabot) ou des infusions de thym/origan pour booster l’immunité en période à risque.
Isoler en quarantaine immédiatement une poule malade dans une infirmerie calme et sombre pour réduire son stress et éviter la contagion.

Conclusion

Dans un système de permaculture, le bien-être de la poule est directement lié à la conception (le design) de son environnement. Un poulailler bien pensé, qui imite les conditions naturelles (forêt, abris) et respecte les besoins physiologiques de l’animal, réduit drastiquement les sources de stress. L’éleveur doit agir comme un observateur bienveillant, anticipant les perturbations pour maintenir l’harmonie du groupe. Une poule sans stress est une collaboratrice efficace au jardin et une productrice généreuse.

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