La Drosophila suzukii, appelé aussi mouche asiatique, est un petit insecte ravageur invasif redoutable, particulièrement frustrant en permaculture car il cible les fruits sains presque mûrs et peu de moyen de lutte sont à disposition du jardinier. Contrairement aux mouches classiques qui s’attaquent aux fruits gâtés, elle détruit les récoltes juste avant la cueillette. La gestion en permaculture ne vise pas son éradication, mais une combinaison de stratégies pour protéger les fruits et perturber un cycle de reproduction très rapide.
Description de la Drosophila suzukii
Drosophila suzukii est une petite mouche de 2-3 mm, rousse aux yeux rouges. Le mâle se reconnaît à une tache noire distincte au bout de chaque aile. La femelle est la plus problématique : elle possède un ovipositeur (tarière) dentelé, semblable à une scie, qui lui permet de percer la peau des fruits sains pour y pondre ses œufs.
Plantes infestées
Elle cible quasi exclusivement les fruits à chair tendre et à peau fine, au moment où ils mûrissent. Les plus touchés sont les fraises, framboises, cerises, myrtilles, mûres, cassis et groseilles. Elle peut également s’attaquer aux figues, kiwïs, et certains raisins tardifs.
Symptômes
Les premiers symptômes sont de minuscules trous de piqûre sur l’épiderme du fruit, souvent difficiles à voir. Peu après, le fruit présente un léger affaissement autour de la zone de ponte, devient anormalement mou, et se met à suinter rapidement.
Les dégâts
Les dégâts sont causés par les larves (asticots blancs) qui éclosent à l’intérieur et dévorent la pulpe. Le fruit s’effondre en quelques jours, se transformant en une bouillie acide, souvent envahie par des pourritures secondaires (moisissures, bactéries). La récolte devient impropre à la consommation.
Prévention en permaculture
La prévention est l’axe majeur. Pose pièges de capture dans le verger pour constater le début de la présence de la Drosophila suzukii. La méthode la plus efficace est la pose de filets insect-proof (maille très fine, inférieure à 1 mm) sur les cultures sensibles, bien avant le début du mûrissement. Le piégeage de masse préventif (pièges-appâts à base de vinaigre, levure et vin) permet de réduire la pression des adultes.
Traitements bio en permaculture
- Insectifuges :
L’application d’argile kaolinite (barrière minérale) sur le feuillage et les fruits peut créer une barrière physique poudreuse qui dissuade les femelles de venir pondre. - – Curatifs :
Il n’y a pas de traitement curatif une fois l’œuf pondu dans le fruit. L’action curative consiste à casser le cycle : récolter les fruits tous les jours et éliminer impérativement tous les fruits atteints (au sol ou sur la plante). Ces fruits doivent être détruits (solarisation en sac plastique fermé, congélation) avant d’être compostés. - – Auxiliaires :
Étant une espèce invasive, D. suzukii a peu de prédateurs spécialisés en Europe. La permaculture favorise les prédateurs généralistes du sol (staphylins, carabes) qui peuvent consommer les pupes tombées au sol. Des recherches sont en cours sur des micro-guêpes parasitoïdes (comme Trichopria drosophilae), mais elles sont encore peu répandues.






