Mettre en place une microferme en permaculture pour tendre vers l’autosuffisance, c’est un projet passionnant qui demande de la réflexion, de l’observation et beaucoup de patience. On ne bâtit pas un écosystème en un jour, mais chaque pas compte.

Le rêve d’autosuffisance : Comment créer sa microferme en permaculture ?

Tendre vers l’autosuffisance, ce n’est pas juste produire sa nourriture. C’est créer un lieu de vie résilient, où la nature et l’humain travaillent main dans la main, en harmonie. C’est un chemin, pas une destination finale !

Observer, Observer, Observer (Le « design » est roi !)

Avant de planter la première graine ou de déplacer la moindre pierre, la permaculture nous dit : Regardez ! C’est l’étape la plus cruciale.
Analysez votre terrain : Où le soleil tape-t-il le plus fort l’été ? Où l’ombre est-elle persistante l’hiver ? D’où viennent les vents dominants (important pour votre haie bocagère !) ? Où l’eau s’accumule-t-elle après la pluie ? Où le sol est-il rocailleux, où est-il profond ?

Les « zones » : C’est le cœur du design permacole.

On divise le terrain en cercles concentriques (ou plutôt des zones logiques) autour de l’habitation :

  • Zone 0 (Habitation) : Le centre de tout.
  • Zone 1 (Très proche) : Ce que vous utilisez tous les jours : herbes aromatiques, salades du soir, poulailler (pour les œufs quotidiens), compost de cuisine, serre adossée. Facile d’accès, facile à entretenir.
  • Zone 2 (Proche) : Ce que vous visitez souvent : potager principal, clapier, rucher, petits fruitiers. Moins d’attention quotidienne, mais toujours à portée de main.
  • Zone 3 (Moins proche) : Les cultures « de base », le verger, les pâturages pour les chèvres, l’espace des cochons, le tas de bois. Ça demande moins de visites, mais plus d’espace.
  • Zone 4 (Semi-sauvage) : Cultures fourragères, haies bocagères, zone de collecte de bois mort. Peu d’interventions humaines, la nature fait le plus gros du travail.
  • Zone 5 (Sauvage) : La zone intouchée, pour favoriser la biodiversité, les auxiliaires de jardin et les ressources naturelles.

L’eau est la vie : Pensez à comment collecter, stocker et distribuer l’eau de pluie (cuves, mare, fossés de récupération). C’est votre or !

 

Démarrer Petit et Multiplier les Fonctions (La résilience)

On n’essaie pas de tout faire d’un coup. Un petit coin de potager bien géré vaut mieux que 2 hectares mal dégrossis. j’ai habité quelque temps dans le Poitou et j’ai retenu cette expression que les gens aimaient à juste raison employer : « Qui va châ p’tit va loin » (« Qui va doucement va loin »)

  • Le potager (Zone 1 & 2) : Commencez avec quelques carrés de culture. Visez la diversité ! Légumes annuels pour l’autonomie rapide, mais aussi des vivaces (artichauts, rhubarbe) pour le long terme. Le tunnel, c’est génial pour avancer les semis et prolonger les récoltes.
  • Le poulailler (Zone 1 ou 2) : Votre équipe de choc ! On l’a vu : œufs, viande, nettoyage, amendement, chasse aux insectes. Pensez-y comme une mini-usine de recyclage et de fertilité.
  • Le compostage (Zone 1/2) : Le cœur nourricier. Tous les déchets verts du jardin, de la cuisine (ce qui est bon pour les poules, ou ce qui reste), retournent à la terre. Ça nourrit le sol, qui nourrit les plantes, qui nourrissent les animaux, qui vous nourrissent… C’est le cycle parfait !
  • La grange/écurie/chèvrerie (Zone 2/3) : Pour les animaux plus grands. Les chèvres pour le lait et l’entretien des zones broussailleuses. Les chevaux/ânes (si l’espace le permet) pour le travail du sol doux, le transport, et leur fumier.
  • Le verger (Zone 3) : Une priorité ! Choisissez des variétés locales, résistantes aux maladies. Diversifiez les espèces et les dates de récolte (pommes, poires, prunes, cerises, petits fruits…). Plantez aussi des arbres à noix (noix, noisettes) pour la protéine et le stockage.
  • La mare (Zone 3/4) : Un puits de biodiversité ! Elle attire grenouilles, tritons, libellules… des alliés précieux pour le jardin (ils mangent les limaces, les moustiques !). C’est aussi un réservoir d’eau en cas de besoin.
  • Le rucher (Zone 4) : Indispensable ! Pour le miel (autonomie alimentaire et remède), bien sûr, mais surtout pour la pollinisation de votre potager et de votre verger. Sans abeilles, pas de fruits !
  • Les cochons (Zone 3) : Des nettoyeurs et des laboureurs naturels ! Dans un enclos mobile, ils peuvent nettoyer une parcelle après la récolte, la débarrasser des racines et des adventices, tout en la fertilisant.

Fermer les Cycles et Réduire les Dépendances (L’autosuffisance !)

L’idée, c’est de moins acheter à l’extérieur.
– Nourrir les animaux avec le jardin : Une partie de vos parcelles servira à produire du fourrage pour vos chèvres, du maïs ou de l’orge pour les poules et les cochons. Ça réduit l’achat d’aliments.
– Le fumier, c’est de l’or : Tout ce qui sort des animaux (fumier, litière) retourne au compost et nourrit le jardin. Zéro déchet, richesse maximale.
– L’énergie : Pensez bois de chauffage issu de votre haie bocagère (taillis) ou de vos arbres morts. L’énergie solaire pour l’eau chaude et l’électricité.
– La semence paysanne : Apprenez à récolter vos propres graines de légumes. C’est la base de l’autonomie et de l’adaptation de vos plantes à votre microclimat.
– La transformation : Conserver les surplus ! Séchage, lacto-fermentation, conserves, confitures… Pour avoir de quoi manger toute l’année.

Le Facteur Humain (Vous !)

La permaculture, c’est aussi prendre soin de soi.
Acceptez que ça prenne du temps. Le sol ne se régénère pas en un jour, les arbres ne poussent pas en un mois.
Chaque année est différente. Ce qui a marché un an ne marchera pas forcément le suivant. Observez, notez, adaptez.
L’apprentissage continu : On ne sait jamais tout. Lisez, échangez avec d’autres permaculteurs, expérimentez.
C’est aussi du bonheur ! : C’est un projet de vie. Il y aura des galères, mais il y aura surtout des joies immenses à récolter vos propres fruits, à voir vos animaux heureux, à sentir cette connexion avec la nature.

Attention, le rêve a un prix : gare à la désillusion !

Soyons clairs : si l’idée de l’autosuffisance et de la vie en harmonie vous fait rêver, il faut aussi être honnête avec soi-même. Mettre en place et entretenir une microferme en permaculture, c’est énormément de travail !
Ce n’est pas une mince affaire, et les émissions de télé ou les jolis comptes Instagram ne montrent pas toujours la réalité : les bottes boueuses, les mains sales, le dos qui tire après une journée à biner ou à déplacer du fumier. Il y aura des échecs (des plants qui meurent, des récoltes ratées, des maladies qui passent), des coups durs (un orage qui détruit la serre, un prédateur qui visite le poulailler), et des moments où la motivation sera à plat.
L’autosuffisance, ça demande des bras, de la patience, de la persévérance, et une bonne dose d’humilité face à la nature. Ce n’est pas un sprint, c’est un marathon. Alors, oui, rêvez grand, mais gardez les pieds sur terre et préparez-vous à retrousser vos manches ! Le jeu en vaut la chandelle, mais la chandelle, il faut l’allumer et l’entretenir soi-même, tous les jours.

En bref, créer sa microferme en permaculture vers l’autosuffisance, c’est un chemin qui vous passionnera. C’est un retour au bon sens, à la patience, et à l’harmonie avec la nature. Et chaque petit pas compte pour se rapprocher de ce rêve !

 

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