La phytothérapie s’inscrit naturellement dans la philosophie de la permaculture : utiliser les ressources locales et naturelles pour maintenir l’équilibre du système. C’est une démarche d’autonomie et de prévention.
Voici votre guide sur la phytothérapie aviaire, structuré selon votre demande.

La phytothérapie consiste à utiliser les plantes médicinales pour prévenir ou soigner les maux du quotidien.

Au poulailler bio, c’est un retour au bon sens paysan : la poule, dans la nature, sait instinctivement consommer certaines herbes pour se purger ou se soigner. En élevage, nous devons lui apporter ces ressources. C’est une médecine douce, qui vise à soutenir le « terrain » (l’état général) de l’animal plutôt que d’attaquer brutalement un symptôme.

 Les huiles essentielles (aromathérapie), bien que très efficaces, sont des concentrés puissants nécessitant une expertise spécifique et des précautions drastiques chez les oiseaux. Elles ne seront que citées ici, la phytothérapie utilisant la plante dans sa forme « totale ».

Les avantages de la phytothérapie à la basse-cour bio :

Contrairement aux antibiotiques synthétiques, les plantes (bien utilisées) ne laissent pas de traces médicamenteuses dans les œufs ou la chair. Il n’y a généralement pas de délai d’attente avant de consommer les œufs.

  • Elle stimule les défenses naturelles de la poule au lieu de les substituer.
  • La plupart des remèdes poussent gratuitement dans votre jardin.
  • Pas de rejet de molécules polluantes dans les fientes et le sol.

Les limites de la phytothérapie :

Il faut être lucide, les plantes ont leurs limites.
En cas d’infection bactérienne foudroyante, de fracture ouverte ou de prolapsus grave, la phytothérapie est trop lente. Attention, on atteindrait vite la maltraitance !
Les traitements demandent souvent une administration plus longue et régulière que la médecine allopathique.
La teneur en principes actifs d’une plante varie selon la météo, le sol et la saison.

Note importante pour la récolte des plantes

La qualité du remède dépend entièrement de la qualité de la plante.
Une bonne connaissance des végétaux (Risque de confusion) : Ne récoltez jamais une plante si vous avez le moindre doute. La confusion peut être fatale (ex. : confondre la Consoude avec la Digitale pourpre avant la floraison). Munissez-vous d’une bonne flore ou d’une application de reconnaissance fiable, et validez toujours avec un expert au début.
Des lieux de cueillette sains (Pollution) : Évitez absolument les bords de routes (métaux lourds, gaz d’échappement), les abords de champs cultivés en conventionnel (pesticides) et les zones de déjections canines fréquentes (parasites). Privilégiez votre propre jardin ou des zones sauvages préservées.

Les ressources en permaculture pour la phytothérapie :

En permaculture, le design du lieu intègre la pharmacie du poulailler. Chaque zone du jardin peut fournir des remèdes :

  • Les Haies bocagères et lisières : Réservoirs de plantes sauvages robustes.
  • Le Potager : Les légumes ont souvent des vertus thérapeutiques.
  • Le Verger : Fruits et feuilles d’arbres fruitiers.
  • Le Jardin d’agrément : De nombreuses fleurs sont comestibles et médicinales.

Quelques exemples et leurs bienfaits : Voici les indispensables de la pharmacie naturelle :

  1. Issus du potager :
    L’Ail : Le roi de la basse-cour. Vermifuge préventif puissant, antiseptique général, antibiotique naturel et stimulant respiratoire.
    L’Oignon : riche en soufre et vitamines. Excellent pour la circulation et le système respiratoire (en cas de coup de froid).
    Le Thym : Antiseptique puissant des voies respiratoires (coryza) et intestinales.
    Les graines de Courge : Le vermifuge mécanique par excellence (paralyse les vers, notamment les ténias).
  2. Issus des haies, bordures et lisières :
    L’Ortie : Une bombe nutritionnelle (minéraux, fer). Elle stimule la ponte et renforce l’immunité. À donner hachée ou séchée (sèche, elle ne pique plus).
    La Consoude : riche en protéines et en allantoïdes (cicatrisante). Excellente pour réparer les tissus (en externe ou interne) et nourrir les os.
    Le Pissenlit : Tonique hépatique (nettoie le foie) et diurétique. Idéal après l’hiver ou un traitement.
  3. Jardin d’agrément :
    La Lavande : apaisante (stress) et insecticide répulsif (contre les poux).
    Le Souci (Calendula) : Cicatrisant cutané exceptionnel (pour les plaies aux pattes ou à la crête). Il colore aussi le jaune d’œuf en orange intense.
    La Menthe : rafraîchissante en été, elle aide aussi à la digestion et repousse certains insectes.

Les méthodes d’administration, comment donner ces plantes aux poules ?

L’Infusion : Pour les feuilles et fleurs (Thym, Mélisse, Menthe). Verser l’eau frémissante sur la plante, couvrir, laisser infuser 10-15 min. Donner refroidi à la place de l’eau de boisson.
La Décoction : Pour les racines, écorces ou tiges dures. Faire bouillir la plante dans l’eau pendant 5 à 10 min, puis laisser infuser. Plus concentré.
Dans l’alimentation : La méthode la plus simple (celle que j’employais tous les jours particulièrement en automne et en hiver.). Hacher les herbes fraîches (orties, pissenlit) ou mélanger l’ail écrasé directement dans une pâtée humide.
Dans la boisson : On peut y ajouter du vinaigre de cidre (acidifiant) dans lequel ont macéré des plantes.
Le Baume/Cataplasme : Usage externe. Mélange d’un corps gras (huile de coco, saindoux) avec une teinture mère ou une plante broyée (ex. : baume au souci pour les pattes).

Attention : En cas de doute, de symptômes persistants, d’abattement soudain ou de maladie grave, consultez toujours un vétérinaire. La phytothérapie accompagne, mais ne remplace pas un diagnostic médical.

 

Les règles importantes pour l’éleveur pratiquant la phytothérapie

Pour une pratique sécurisée au poulailler bio :
Ne jamais expérimenter à l’aveugle : Si vous ne connaissez pas les effets d’une plante sur les oiseaux, abstenez-vous. Ce qui est bon pour l’homme ne l’est pas toujours pour la poule (ex. : l’avocat est toxique pour elles).
Ne jamais mélanger les plantes au hasard : évitez les « cocktails » complexes. Certaines plantes peuvent annuler leurs effets respectifs ou créer des interactions nocives. Restez sur des recettes simples (monoplante ou duo éprouvé comme Ail+Thym).
Traçabilité des achats : N’achetez jamais de plantes sèches ou de poudres sur internet sans une certification d’origine et biologique. Les poudres frelatées ou irradiées sont monnaie courante et n’ont aucune valeur thérapeutique.

Conclusion

La phytothérapie au poulailler est un art de l’observation et de la patience. Elle permet à l’éleveur bio de tisser un lien plus fort avec son environnement et ses animaux. En cultivant son « jardin qui soigne » autour du parcours des poules, on recrée un écosystème vertueux où la prévention prime sur la guérison. C’est l’essence même de la permaculture : prendre soin de la terre pour prendre soin des animaux.

 

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