Plumes de poule dans un poulailler

En permaculture et l’élevage bio, le plumage n’est pas seulement esthétique : c’est un indicateur clé de la santé de l’animal, de son alimentation et de son niveau de stress. La plume est une merveille d’ingénierie naturelle, faite de kératine (comme nos ongles), qui assure la survie de la poule face aux éléments.
Introduction
Le plumage représente environ 5 à 7 % du poids d’une poule. Il ne sert pas uniquement à voler (capacité limitée chez la poule domestique hormis les races de poules naines), mais constitue avant tout une barrière thermique isolante contre le froid et l’humidité, ainsi qu’une protection mécanique pour la peau fragile des volailles. Dans un système bio, observer le plumage permet à l’éleveur de détecter les carences ou les parasites avant qu’ils ne deviennent critiques.

Les différentes plumes :

La poule possède plusieurs types de plumes, chacune ayant un rôle bien précis dans l’anatomie et la physiologie de l’oiseau.

  • Tout d’abord les Pennes (Plumes de contour)
    Ce sont les plumes visibles qui donnent à la poule sa silhouette. Elles sont rigides et imperméables.
    – Les Tectrices (plumes de couverture) :
    Ce sont les plumes courtes et imbriquées qui recouvrent le corps, la base des ailes et le dos.
    Elles assurent l’aérodynamisme, l’imperméabilité (l’eau glisse dessus) et la protection contre le vent et le soleil.
    – Les Rémiges (plumes des ailes) :
    Grandes plumes rigides situées sur les ailes. On distingue les rémiges primaires (bout de l’aile) et secondaires (plus proches du corps).
    Essentielles pour la portance et le vol (même pour sauter sur un perchoir haut).
    – Les Rectrices (plumes de la queue):
    longues plumes solides situées sur le croupion.
    Elles servent de gouvernail pour l’équilibre (lors de la marche ou du vol) et de frein à l’atterrissage. Elles jouent aussi un rôle dans la communication sociale.
  • Les semi-plumes
    Situées sous les tectrices, elles ont une structure intermédiaire : un rachis (tige centrale) long mais des barbes plus lâches que les pennes.
    Elles comblent les espaces entre les plumes de contour, assurant l’arrondi de la forme du corps et participant à l’isolation thermique.
  • Le Duvet
    Plumes douces, vaporeuses, sans rachis central rigide. Les barbes ne s’accrochent pas entre elles, créant un volume d’air.
    C’est l’isolant thermique par excellence. Le duvet piège l’air chaud contre la peau de la poule, la protégeant du froid intense. Chez les oies ce duvet à une grande valeur. Autrefois des troupeaux d’oies étaient élevés dans le marais poitevin pour fournir ce duvet.
  • Les Filoplumes
    Elles ressemblent à de longs poils fins terminés par un petit toupet de barbes. Elles sont cachées à la base des autres plumes.
    Ce sont des capteurs sensoriels. Elles sont reliées à des récepteurs nerveux et informent la poule de la position de ses plumes (vent, désordre) pour déclencher le besoin de lissage.
  • Les Vibrisses
    Plumes très raides, semblables à des poils, situées principalement autour du bec et des yeux.
    Elles ont un rôle tactile et protecteur (similaire aux moustaches d’un chat), protégeant les yeux et le bec des poussières ou insectes lors du picorage.

 

Les différentes parties d’une plume :


Voici une plume d’oiseau (poule) typique, illustrant sa structure complexe. Ce dessin décompose la plume en ses principaux composants, du rachis central aux barbes et barbules délicatement imbriquées.

  1. Le calamus : La base de la plume, enchâssée dans le follicule cutané, est le calamus, ou rachis. Creux et translucide, il assure l’ancrage de la plume au corps de l’oiseau. Autrefois, les plumes d’oie servaient d’instruments d’écriture.
  2. L’ombilic inférieur : À la base du calamus se trouve l’ombilic inférieur, un petit orifice. Cet orifice permet le passage des vaisseaux sanguins et des nerfs pendant la croissance de la plume. Une fois la plume complètement développée, cette connexion avec le système circulatoire de l’oiseau se ferme.
  3. L’ombilic supérieur : En remontant de la base, là où le calamus se transforme en rachis, se trouve l’ombilic supérieur. Une autre petite ouverture située sur la face ventrale de la plume. Il est souvent accompagné d’un petit amas de duvet appelé rémige postérieure.
  4. Le rachis : Au centre de la plume se trouve le rachis, aussi appelé tige. C’est l’axe central long, rigide et légèrement effilé qui assure le soutien principal de la plume. Il prolonge le calamus et s’étend jusqu’à l’extrémité de la plume.
  5. Sillon ombilical ventral : Le long de la face ventrale du rachis se trouve un canal distinct appelé sillon ombilical ventral. Ce sillon est un vestige du processus de développement où les vaisseaux sanguins alimentaient la plume en croissance. Une caractéristique anatomique essentielle du rachis.
  6. Le vexille : Les larges surfaces plates qui s’étendent de part et d’autre du rachis sont appelées collectivement le vexille. Le vexille est la partie de la plume qui crée le profil aérodynamique nécessaire au vol et assure l’isolation. Il est composé d’une série de barbes parallèles.
  7. Les barbes : elles partent du rachis. Ce sont les filaments individuels et parallèles qui constituent le vexille. Elles sont disposées en une série rapprochée le long du rachis, conférant à la plume sa forme et sa texture caractéristiques.
  8. Enfin, les barbules : petits crochets sur chaque barbe d’une plume de poule.

Comment naissent les plumes – La formation.

La plume naît dans un follicule (une petite poche dans la peau), alimenté par des vaisseaux sanguins.
Le bourgeon : La plume commence à pousser sous forme d’un tube protecteur.
La plume de sang : Lorsqu’elle sort de la peau, la tige remplie de sang (la pulpe) apporte les nutriments nécessaires à la fabrication de la kératine.

Une « plume de sang » est très sensible. Si elle est cassée, elle saigne abondamment.

Une fois la croissance terminée, l’apport sanguin se coupe. La gaine protectrice tombe (souvent aidée par la poule qui se lisse), et la plume se déploie.

Comment meurent les plumes

Une plume mature est une structure morte (comme un cheveu). Elle ne se régénère pas si elle est abîmée.
L’usure : Les frottements, le soleil et les activités quotidiennes usent la plume.
La Mue : Une fois par an (généralement en fin d’été/automne), sous l’effet de la baisse de luminosité, les hormones déclenchent la chute des vieilles plumes. La nouvelle plume, en poussant dans le follicule, éjecte l’ancienne.

Le lissage des plumes par la poule

C’est une activité quotidienne vitale qui occupe une grande partie du temps de la poule.
La poule utilise son bec pour aller chercher une substance huileuse sécrétée par la glande uropygienne (située à la base de la queue, sur le dessus). Elle enduit son bec de cette huile/cire, puis passe chaque plume dans son bec.

Une toilette indispensable !

Imperméabilisation : L’huile protège la plume de l’eau.
Réparation (« Zippage ») : Les plumes sont constituées de barbes munies de minuscules crochets (barbules). Le lissage permet de « rezipper » ces crochets pour que la plume redevienne une surface unie et hermétique.
Hygiène : Retirer les saletés et les parasites.
Comment les poules entretiennent leurs plumes ? (Le bain de poussière)
Outre le lissage au bec, la méthode d’entretien principale est le bain de poussière.
La poule creuse un trou dans la terre sèche, la cendre ou le sable.
Elle s’y ébroue pour faire pénétrer la poussière jusqu’à la peau.
La poussière absorbe l’excès de sébum (gras) et bouche les voies respiratoires des parasites externes (poux), les tuant par asphyxie.

Comment l’éleveur peut aider la poule à avoir un beau plumage ?

Dans un contexte bio et de permaculture, l’approche est préventive et nutritionnelle.

  1. Aide contre les parasites
    Un plumage terne ou dégarni (hors mue) est souvent signe de parasites.
    Les Poux rouges et mallophages : Ils irritent la peau et abîment les plumes.
    Action : Fournir un bac à poussière permanent contenant un mélange de terre sèche, de cendre de bois (tamisée) et de terre de diatomée. La terre de diatomée est un insecticide mécanique naturel redoutable.
  2. Type d’alimentation
    La plume est composée presque exclusivement de kératine (protéine). Pour fabriquer de belles plumes, la poule a besoin de :
    Protéines : Surtout des acides aminés soufrés (méthionine et lysine).
    Sources : Insectes (laisser les poules gratter !), larves, légumineuses, graines de tournesol noir.
    Pendant la mue : C’est une période épuisante. L’éleveur peut donner de la levure de bière ou des vers de farine séchés pour booster la repousse.

Le recyclage des plumes (Permaculture)

En permaculture, rien ne se perd. Les plumes sont une ressource précieuse riche en azote (N).
– Au compost : Les plumes sont de la matière « brune » mais très riche en azote. Elles se décomposent lentement. C’est excellent pour un compost de longue durée.
– Au potager : Elles peuvent être incorporées directement dans le sol lors de la plantation d’arbres ou de légumes gourmands (tomates, courges). Elles libéreront l’azote progressivement sur plusieurs mois, agissant comme un engrais « retard » naturel.

Pour terminer n’oublions le jus de plume à doser au jardin avec modération.

Pin It on Pinterest

Share This