Une stratégie gagnante !

Intégrer des volailles dans un verger est une excellente stratégie de permaculture et une pratique ancestrale qui permet de créer un système résilient. Les volailles agissent comme de véritables « techniciens sanitaires » : elles nettoient le sol des ravageurs (malheureusement pas seulement), désherbent sélectivement et fertilisent la zone, tout en trouvant une partie de leur alimentation.

 les poules sont des prédatrices non sélectives :

Comme les autres volailles, elles mangent tout ce qui bouge et qui est à leur portée, y compris les auxiliaires utiles comme les carabes ou les staphylins qui vivent au sol.
Cependant, la méthode reste très positive si elle est bien ciblée, principalement grâce au facteur « temps » et au facteur « lieu ».

  1. En automne et en hiver (périodes recommandées), la plupart des auxiliaires volants (coccinelles, chrysopes, syrphes) ne sont plus actifs au sol ; ils sont en diapause hivernale dans des abris (haies, tas de bois, litières de feuilles) souvent hors de la zone de grattage immédiate au pied de l’arbre.
  2. En revanche, les ravageurs ciblés (carpocapses, hoplocampes) sont, eux, concentrés massivement dans les fruits tombés et dans les premiers centimètres du sol, exactement là où les poules vont gratter.
  3. En parquant les poules dans ce périmètre défini (au pied de l’arbre) et à cette période précise (l’automne), l’impact sur les ravageurs est maximal et dévastateur pour leur cycle, tandis que l’impact sur les auxiliaires « utiles » reste limité. Le bénéfice net est donc largement positif : on brise le cycle du ravageur avant l’hiver, laissant le champ libre au printemps pour le retour des auxiliaires volants.

La meilleure époque : l’automne

L’automne est, de loin, la période la plus stratégique pour lâcher les volailles au verger. Dès la chute des fruits (pommes, prunes, cerises…), les poules consomment ceux tombés au sol, ingérant par la même occasion les larves qui s’y trouvent (carpocapses, hoplocampes).
Plus important encore, elles grattent le sol et capturent les larves qui ont déjà quitté le fruit pour chercher un abri hivernal. C’est une course contre la montre : les volailles interviennent avant que ces larves ne s’enfoncent profondément dans le sol (nymphose) ou ne tissent un cocon protecteur pour l’hiver. Ce « nettoyage » sanitaire réduit drastiquement la population de ravageurs pour le printemps suivant.

D’autres époques possibles

  • L’hiver : Une fois les arbres en dormance totale, les volailles peuvent continuer leur travail sans risque. Elles grattent le sol et peuvent déloger les pupes ou les larves déjà installées (comme les vers blancs) ainsi que les œufs de certains ravageurs.
  • La fin du printemps (post-floraison) : Un passage rapide peut être bénéfique pour consommer les larves de l’hoplocampe tombées au sol avec les premiers fruits.
  • Attention au printemps précoce ! : Il faut impérativement éviter de lâcher les poules au verger lors du débourrement (ouverture des bourgeons) et de la floraison. Elles sont friandes des jeunes pousses tendres et des fleurs, et pourraient anéantir la future récolte.

L’aide du jardinier pour faciliter leur travail

Pour maximiser l’efficacité des volailles, le jardinier peut leur « servir le repas ». Un léger griffage superficiel au pied des arbres retourne la terre. Cela expose immédiatement les larves, pupes et vers blancs (larves de hannetons) cachés, les rendant très accessibles aux poules qui suivent le jardinier. L’utilisation de filets mobiles pour parquer les volailles sous un arbre spécifique (par exemple un pommier très atteint l’année précédente) concentre leur action.

Un point non négligeable : la fumure du sol

C’est l’un des bénéfices majeurs. En patrouillant, les volailles distribuent leurs déjections (fientes) de manière homogène. Ces fientes sont un engrais « coup de fouet », extrêmement riche en azote (N), mais aussi en phosphore (P) et en potassium (K). Elles nourrissent l’arbre et la vie du sol, qui en retour, produira des fruits plus sains et un arbre plus résistant aux maladies. C’est un cycle de fertilité parfait.

Quelles sont les meilleures volailles pour ce travail ?

Par ordre d’efficacité :

  • Les Poules : Ce sont les reines du grattage. Elles sont imbattables pour retourner les premiers centimètres du sol et trouver les larves et pupes (vers blancs, hoplocampes).
  • Les Dindes et Dindons : Ils sont très efficaces et couvrent de grandes surfaces, excellents pour chasser les insectes plus gros (sauterelles, criquets).
  • Les Pintades : Infatigables, elles sont de grandes insectivores (notamment réputées contre les tiques) et désherbent efficacement.
  • Les Canards (Coureurs Indiens) : Ils sont les spécialistes absolus des limaces et escargots. Contrairement aux poules, ils ne grattent pas le sol, ce qui les rend plus sûrs pour les racines de surface.

Le risque de tassement du sol avec les canards

C’est un point de vigilance important. Les canards ont tendance à beaucoup piétiner, surtout dans les zones humides (autour d’un point d’eau ou d’une mare). Sur sol argileux et humide, leur passage répété peut créer une croûte de battance et tasser le sol. Cela asphyxie les racines et la microfaune. Il faut donc privilégier leur passage par temps sec ou les déplacer très régulièrement pour éviter la compaction.

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