Les viroses, comme la mosaïque, sont des maladies causées par des virus qui infectent les plantes. Contrairement aux champignons ou aux bactéries, les virus ne sont pas des organismes cellulaires ; ils sont des parasites intracellulaires obligatoires. Cela signifie qu’ils détournent la machinerie cellulaire de la plante pour se reproduire, causant des perturbations du métabolisme qui se manifestent par des symptômes variés, souvent reconnaissables.
En permaculture, la gestion des viroses est un défi car il n’existe aucun traitement curatif. Une fois qu’une plante est infectée, elle le reste et devient une source de contagion. La stratégie est donc entièrement axée sur la prévention : éviter l’introduction du virus, contrôler les vecteurs (principalement les insectes), et éliminer les sources d’infection.
Les organismes responsables
Les responsables sont les virus végétaux. Il en existe des centaines, et chacun a une gamme d’hôtes spécifique.
Quelques exemples courants au potager :
- Virus de la mosaïque du tabac (TMV – Tobacco mosaic virus) : Très stable et très contagieux. Affecte les solanacées (tomate, tabac, poivron, aubergine).
- Virus de la mosaïque du concombre (CMV – Cucumber mosaic virus) : Polyphage, affecte les cucurbitacées (concombre, melon), les solanacées, les légumineuses, et de nombreuses plantes ornementales.
- Virus Y de la pomme de terre (PVY – Potato virus Y ) : Affecte les solanacés.
- Virus de la mosaïque du chou-fleur (CaMV – Cauliflower mosaic virus) : Affecte les Brassicacées (choux).
- Virus de la mosaïque jaune du haricot (BYMV – Bean yellow mosaic virus) : Affecte les légumineuses.
Comprendre les Modes de transmission (cruciaux) :
Par vecteurs animaux : C’est le mode le plus courant. Principalement les pucerons, mais aussi les aleurodes, thrips, cicadelles, nématodes, etc.
Par les semences ou plants infectés : Le virus peut être présent dans la graine ou le matériel de multiplication (tubercules, boutures).
Par contact mécanique : Très important pour le TMV. Le simple fait de toucher une plante malade puis une plante saine avec les mains, des outils, ou même les vêtements, peut transmettre le virus.
Par le sol : Certains virus sont transmis par des champignons ou nématodes vivant dans le sol.
Les périodes de l’année les plus favorables
Les virus n’ont pas de « période favorable » au même titre que les champignons. Cependant, les périodes propices à la prolifération de leurs vecteurs (insectes) sont les plus dangereuses.
Printemps et Début d’Été :
Période critique pour la plupart des viroses.
Les pucerons commencent à coloniser les jeunes pousses tendres, se multiplient rapidement et transmettent les virus lors de leurs piqûres.
Les jeunes plants sont plus sensibles et leurs symptômes sont plus marqués.
Toute la saison de croissance :
Tant que les plantes sont actives et que les vecteurs sont présents.
Les plantes les plus sensibles et les parties atteintes
Plantes les plus sensibles au potager :
– Solanacées : Tomate (très sensible), Poivron, Aubergine, Pomme de terre..
– Légumineuses : Haricot, Pois.
– Cucurbitacées : Concombre, Melon, Courgette.
– Brassicacées : Chou, Chou-fleur.
Parties de la plante les plus atteintes :
– Les jeunes pousses et rameaux : C’est là que les symptômes sont les plus évidents.
– Les fruits : Les fruits peuvent être déformés, petits, décolorés.
Les symptômes
Les symptômes sont très variés et dépendent du virus, de la plante hôte et des conditions environnementales. Ils ne sont pas toujours spécifiques, ce qui peut rendre le diagnostic difficile.
La Mosaïque (Le plus commun) :Taches claires et foncées : Apparition de motifs irréguliers, alternant des zones vert clair/jaune avec des zones vert foncé sur les feuilles, donnant un aspect de « mosaïque ».Déformations : Les feuilles peuvent être gaufrées, bullées, plissées ou se recroqueviller.
- Nanisme : La plante entière est rabougrie, avec une croissance ralentie.
- Les feuilles peuvent devenir étroites et filiformes (surtout sur tomate)
- .Marbrures et jaunissements : Décoloration inégale des feuilles.
- Nécrose : Certaines viroses peuvent provoquer des taches nécrotiques (tissus morts) sur les feuilles ou les tiges.
- Stries : Sur les tiges de pomme de terre par exemple.
- Déformation des fruits : Fruits petits, difformes, avec des taches ou des zones décolorées.
L’urgence, les bons réflexes du jardinier
L’urgence est élevée. Une fois qu’une plante est virée, elle est une source de contamination pour toutes les autres plantes sensibles du jardin.
Les bons réflexes immédiats et indispensables :
- un diagnostic précoce : Être capable de reconnaître les premiers symptômes rapidement.
- Arracher et DÉTRUIRE IMMÉDIATEMENT : C’est le seul réflexe face à une plante virée. Manipuler la plante avec des gants. Ne pas laisser de débris sur le sol. Mettre la plante dans un sac hermétique. Ne JAMAIS composter une plante virée. La brûler (si autorisé) ou l’évacuer en déchetterie professionnelle.
- Désinfecter scrupuleusement tous les outils (sécateur, couteau, tuteur) ayant été en contact avec la plante malade (eau de Javel diluée, alcool à brûler). Se laver soigneusement les mains après avoir touché une plante suspecte.
- Contrôle des vecteurs : Mettre en place des mesures de contrôle des pucerons (voir prévention).
Les traitements biologiques ou naturels
Il n’y a AUCUN traitement curatif pour les plantes infectées par un virus. Les traitements sont uniquement préventifs et indirects (contrôle des vecteurs).
Purin prêle, de pissenlit, de valériane vraie :
Peuvent renforcer la vigueur générale de la plante, la rendant potentiellement un peu plus résistante à l’infection ou atténuant les symptômes, mais n’éliminent pas le virus.
La prévention en permaculture
La prévention est la seule clé de la gestion des viroses. Elle doit être globale et s’appuyer sur la compréhension des modes de transmission.
Les vecteurs (Pucerons principalement)
La solution « permacole » :
- Biodiversité : C’est la règle d’or. Attirer les coccinelles, syrphes, chrysopes, oiseaux. Planter des fleurs qui attirent les auxiliaires (coriandre, aneth, soucis, cosmos, phacélie…).
- Bandes fleuries / Fleurs compagnes : Créer des « pièges » floraux loin des cultures sensibles.
- Voiles anti-insectes : Utiliser des voiles de protection pour les jeunes plants très sensibles (tomates, cucurbitacées) au moment de l’arrivée des pucerons.
Les semences et plants infectés
La solution « permacole » :
- Gérer les Insectes et Protéger les Fruits.
Lutte contre les ravageurs : Les piqûres d’insectes (carpocapse, drosophiles, guêpes) sont des portes d’entrée majeures. Attirer les auxiliaires (oiseaux, chauves-souris, insectes prédateurs) par des nichoirs, des bandes fleuries. Piégeage des guêpes si nécessaire. Filets anti-oiseaux : Si les dégâts des oiseaux sont importants.
L’Humidité Stagnante
La solution permacole :
- Taille d’aération : Tailler les arbres pour que l’air circule bien, surtout au centre de la ramure. Cela permet aux fleurs de sécher plus vite au printemps et aux fruits de sécher après la pluie.
- Espacement : Planter les arbres avec un espacement suffisant.
L’Hôte Sensible ou faible
- Privilégier les variétés résistantes ou moins sensibles à la moniliose. Certaines variétés anciennes locales peuvent être naturellement plus résistantes.
- un sol sain, drainé, amendé raisonnablement.
Un arbre bien nourri, avec un sol vivant, sera plus résilient. Éviter les excès d’azote qui favorisent une croissance végétative tendre.







