La couche chaude est une technique ancestrale, qui devrait être plus largement employée, qui permet de profiter d’une chaleur douce et naturelle pour hâter la germination et la croissance des plantes.
Deux méthodes :
Couche chaude enterrée : Elle consiste à creuser une fosse et à y déposer les matières organiques. Cette méthode est plus efficace pour maintenir la chaleur, mais elle nécessite plus de travail. Elle s’adresse plus aux professionnels.
Remarque importante : Si cette méthode permet de garder plus longtemps la chaleur de la couche, cette technique n’est cependant pas applicable dans les terres fortement argileuses. En effet, par période de fortes pluies hivernales pour printanières, l’eau s’accumule dans la fosse et noie le pied de la couche stoppant la fermentation du fumier.


Couche chaude hors sol : la couche de fumier de fumier est simplement élevée sur le sol. Elle est plus facile à mettre en place et permet de mieux contrôler la température.

De quoi se compose une couche chaude ?

Un matelas plus ou moins épais de fumier jeune et pailleux en fermentation. C’est la couche.
De quatre planches assemblées (la planche avant et la planche arrière auront des hauteurs différentes) posées sur la couche. C’est le coffre.
D’un cadre vitré qui prend place sur ce coffre (un cadre vitré de type nantais, voir ici ou une porte entièrement vitrée de récupération). C’est le châssis.

De quel matériel aurez-vous besoin pour la mettre en œuvre ?

  • D’une fourche à fumier.
  • D’un ou deux arrosoirs. (ou tuyau).
  • D’une brouette.
  • D’un mètre et des cordeaux.
  • D’une fenêtre ou porte vitrée de récupération.
  • De quatre planches. (Nous verrons plus loin les bonnes dimensions.)
  • De petits morceaux de bois pour faire les crémaillères.
  • De paillassons en roseaux ou paille longue.
  • Et pour finir bien sûr du fumier !

Guide pas à pas pour créer une couche chaude hors sol :

La première chose à faire c’est de trouver la matière première : le fumier. Vous le trouverez dans les fermes avoisinantes. Parfois gratuit ou quelques euros le m3 s’il est pris sur place. Bien dosés et mélangés, les fumiers recueillis dans vos petits élevages (poules, lapins, cochons, ânes) peuvent faire l’affaire.

Quel fumier privilégier ?

 


Le fumier de cheval est souvent considéré comme le meilleur choix pour la création d’une couche chaude pour plusieurs raisons :
Teneur en matières organiques et micro-organismes : Le fumier de cheval, surtout lorsqu’il est pailleux, est particulièrement riche en matière organique et en micro-organismes. Ces éléments sont essentiels pour la fermentation et la production de chaleur.
Rapidité de chauffe : Le fumier de cheval a tendance à chauffer plus rapidement que d’autres types de fumier, ce qui permet d’obtenir une couche chaude opérationnelle plus rapidement.
Durée de la chaleur : La chaleur dégagée par le fumier de cheval est généralement plus durable que celle produite par d’autres matières organiques.
En résumé, le fumier de cheval offre un excellent compromis entre rapidité de chauffe, durée de la chaleur et qualité du compost final.
Cependant, d’autres fumiers peuvent également être utilisés avec succès :

  • Fumier de bovin : Moins chaud que celui de cheval, il convient bien pour les cultures sensibles à la chaleur élevée.
  • Les fumiers de vos petits élevages.

Quand mettre en place la couche chaude ?

Le moment idéal pour préparer la couche chaude dépend du climat et des cultures que vous souhaitez semer. En général, on commence de la fin du mois de janvier ou au début du printemps, lorsque les températures commencent à remonter.
La date de la mise en œuvre est en fonction des plantes à semer et c’est elle qui justifiera la hauteur de la couche fumer.
La couche de plein hiver ( de fin janvier au début du mois de mars) fait 60 centimètres d’épaisseur.
Celle de printemps (de mars au début du mois de mai) n’a que 45 centimètres d’épaisseur.

A quel endroit du jardin installer la couche chaude ?

Une partie du jardin plate pour avoir une couche de fumier uniforme.
A l’abri des vents froids (nord et est).
Orienté au sud dans sa longueur.

Mise en place de couche de fumier :

De cette opération dépend la qualité donc l’efficacité de votre couche chaude.

  1. Mettez deux cordeaux espacés de 1m 80. La longueur est fonction de l’espace disponible et de vos besoins.
  2. Le fumier par fourchée régulière est déposé sur l’emplacement. On le dépose par strates toujours égales. Cette régularité dans la mise en place est indispensable.
  3. Élevez les bords de la couche bien verticalement, en appuyant et pressant avec la fourche chaque fourchée de fumier. Pour les bords pour avoir une régularité parfaite et sans bavures, faites ce que les anciens appelaient des « torchées ». C’est très simple : déposez une fourchée et repliez-la en deux. Une fois pliée en deux, la pliure doit se trouver au bord.
  4. Tassez régulièrement, arrosez le fumier pailleux s’il vous paraît sec au fur et à mesure du montage.
  5. Après un dernier et régulier tassement, vous pouvez poser le coffre sur la couche.

Le coffre et le ou les châssis.

Le coffre est constitué de 4 planches fixées à 4 tasseaux par des petits boulons et écrous. Cela permet son démontage, la saison des semis terminée.
La planche avant et la planche arrière auront des hauteurs différentes. Celle de l’arrière 30 cm. Celle de l’avant (exposée au sud) 20 cm. Les châssis posés sur le coffre ont ainsi une pente permettant l’écoulement de l’eau et une bonne pénétration des rayons solaires.
Les châssis peuvent être achetés ou faits de fenêtre de récupération.
Une fois le coffre positionné et fixé sur la couche de fumier il est rempli d’une épaisse couche de terreau pour semis.
Positionnez les châssis sur le coffre et couvrez l’ensemble de paillassons pour éviter les déperditions de chaleur.
Voilà, votre couche chaude est prête. Installez un thermomètre fiché dans le terreau pour surveiller la température et attendre le « coup de feu ».

Le coup de feu d’une couche chaude, explications :

Le « coup de feu » désigne la phase de fermentation intense du fumier, pendant laquelle la température atteint son maximum. C’est un phénomène naturel qui résulte de l’activité des micro-organismes décomposant la matière organique.
Comment reconnaître le « coup de feu » ?
– Thermomètre : Le moyen le plus précis pour suivre l’évolution de la température est d’utiliser un thermomètre fiché dans la couche. Vous pourrez ainsi observer la montée en température, puis la stabilisation.
– Toucher : Lorsque vous touchez le fumier, vous sentirez une chaleur importante.
– Vapeur : De la vapeur d’eau peut se dégager du tas de fumier, signe d’une activité microbienne intense.

Les différentes phases du « coup de feu » :

Les micro-organismes se multiplient et commencent à décomposer la matière organique. La température augmente progressivement.
La température atteint son maximum, pouvant atteindre les 70°C ! C’est le « coup de feu ».
Ensuite la température baisse et se stabilise autour des 20-25°C. Cette fourchette de température est généralement idéale pour favoriser la germination de la plupart des graines de légumes et de fleurs.
Votre couche chaude est opérationnelle, vous pouvez semer.

L’utilisation de votre couche chaude :

  • Surveillez la température et ajustez les ouvertures du châssis si nécessaire en vous servant de la crémaillère en bois.
  • Lorsque la température se stabilise autour de 20-25°C, vous pouvez semer vos graines.
  • Arrosez régulièrement pour maintenir le substrat humide, mais évitez les excès d’eau. (fonte des semis)
  • Couvrir le châssis le soir ou en cas de grand froid avec des paillassons pour maintenir la température.

Que faire en cas de grands froids ?

L’accot :
Élevez une ceinture de fumier, large de 30 à 40 centimètres et de la hauteur de la couche, bien pressé, pour empêcher le froid de pénétrer dans la couche par les côtés.
Le réchaud :
Autour du coffre, disposez du fumier ou des déchets végétaux, feuilles mortes, etc. pour éviter que le froid pénètre dans le coffre et refroidisse le substrat de culture.

Autre richesse obtenue avec la couche chaude : un précieux terreau !

Après avoir permis grâce à sa chaleur naturelle rendue possible d’une production précoce de plants de légumes et de fleurs, tout en valorisant les issues de vos petits élevages et vos déchets de jardin, elle va fournir un formidable amendement. En effet, le terreau obtenu après la décomposition du fumier utilisé pour une couche chaude est une véritable mine d’or pour le jardinier.

Pourquoi ce terreau est-il si précieux ?

Après la décomposition, le fumier de couche se transforme en un compost riche en matière organique, en azote, en phosphore et en potassium. Ces éléments essentiels nourrissent en profondeur les plantes et favorisent une croissance saine et vigoureuse.

  • Une structure améliorée du sol : Le compost de fumier de couche a une structure aérée qui améliore la capacité du sol à retenir l’eau et les nutriments. Il facilite ainsi l’enracinement des plantes et favorise une bonne activité biologique.
  • Un régulateur naturel : Le compost aide à réguler la température du sol, le protégeant des extrêmes de chaleur et de froid. Il contribue également à stabiliser le pH du sol.
  • Un activateur de vie microbienne : Le compost est une source de nourriture pour les micro-organismes bénéfiques du sol, tels que les vers de terre et les bactéries. Ces derniers jouent un rôle essentiel dans la dégradation de la matière organique et la libération des nutriments.

Le terreau de couche, amendement économique et écologique :
En utilisant le terreau issu de votre couche chaude, vous réduisez considérablement vos dépenses en engrais. C’est une solution économique et écologique qui respecte l’environnement. De plus, en valorisant vos déchets de jardin, vous participez à la réduction des déchets et à la création d’un cycle de la matière organique. Recycler, une des règles de la permaculture !

Comment utiliser ce terreau ?

Au potager : Incorporé au sol avant les semis ou la plantation, il enrichit le sol et favorise la croissance des légumes.
-Au jardin d’ornement : Il peut être utilisé pour améliorer la qualité des composts, pour pailler les massifs ou pour préparer des mélanges de terre pour les plantations en pots.
Au verger : Il apporte les éléments nutritifs nécessaires aux arbres fruitiers et favorise la formation de fruits de qualité.
Le terreau issu d’une couche chaude est un amendement naturel de grande qualité qui vous permettra d’obtenir des récoltes abondantes.

Trouvez ici certainement la meilleure (la plus ancienne aussi) vidéo sur le montage d’une couche hors sol.

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