L’oïdium est une maladie fongique très courante, facilement reconnaissable au feutrage blanc et poudreux qu’il dépose sur les végétaux. Contrairement au mildiou qui est une maladie de « temps humide et pluvieux », l’oïdium est une maladie de « beau temps » : il prospère par temps chaud, sec, et avec une forte humidité ambiante (comme les nuits fraîches suivies de journées chaudes).
En permaculture, on ne cherche pas à l’éradiquer (c’est impossible), mais à comprendre pourquoi il apparaît (souvent un signe de stress de la plante) et à rétablir un équilibre en favorisant la circulation de l’air et la santé du sol.

Les « cryptogames » responsables

Ici, il ne s’agit pas d’Oomycètes, mais de vrais champignons (Ascomycota) de la famille des Erysiphaceae.
Ce sont des champignons dits ectoparasites, ce qui signifie qu’ils se développent majoritairement à la surface de la plante (d’où le fait qu’on puisse « l’essuyer » au doigt). Ils y puisent leur nourriture grâce à des suçoirs (haustoriums) qui perforent l’épiderme.
Chaque oïdium est souvent très spécifique à une famille de plantes :

Les plus présents au jardin

  • Podosphaera xanthii (ou Sphaerotheca fuliginea) : Le plus courant au potager, il attaque les cucurbitacées (courgettes, concombres, melons…).
  • Erysiphe necator : L’agent de l’oïdium de la vigne.
  • Podosphaera leucotricha : L’agent de l’oïdium du pommier et du poirier.
  • Erysiphe pisi : Attaque les pois et les fabacées.
  • Oidium lycopersici : S’attaque à la tomate.

Les périodes de l’année les plus favorables

C’est le point clé, à l’opposé du mildiou : l’oïdium déteste l’eau liquide. La pluie et l’aspersion d’eau sur le feuillage inhibent la germination de ses spores.
Il se développe dans des conditions très précises :
– Températures : Idéales entre 20°C et 27°C.
– Humidité : Il n’a pas besoin d’eau liquide, mais d’une forte humidité relative de l’air (entre 70% et 90%).
– Absence de pluie : Il se propage par le vent.
Le scénario parfait pour l’oïdium est une fin de printemps ou un été marqué par des journées chaudes et sèches (qui stressent la plante) et des nuits fraîches et humides (sans rosée excessive ni pluie), qui permettent aux spores de germer.

Les plantes les plus sensibles et les parties atteintes

Plantes les plus sensibles :

  • Cucurbitacées : Courgette (la plus sensible), concombre, melon, potiron.
  • Vitacées : Vigne.
  • Arbres fruitiers : Pommier, Pêcher.
  • Petits fruits : Groseillier, Cassissier.
  • Chénopodiacées : Épinard, Betterave.
  • Solanacées : Tomate, Aubergine.
  • Plantes ornementales : Rosier, Bégonia, Phlox.

Parties de la plante les plus atteintes :

  • Les feuilles : C’est là qu’il est le plus visible. Il apparaît sur les deux faces (dessus et dessous).
  • Les jeunes pousses et tiges : Elles peuvent être entièrement recouvertes et se déformer.
  • Les bourgeons floraux et les fruits : Les bourgeons peuvent avorter. Les fruits peuvent se déformer, se craqueler (typique sur la vigne ou le melon) ou être de moins bonne qualité.

Les symptômes

Le diagnostic est très facile et rarement confondu (sauf parfois avec un « mildiou farineux » sur la tomate, mais c’est plus rare).
– Taches blanches et poudreuses : On dirait que quelqu’un a saupoudré du talc ou de la farine sur la plante.
Les taches s’élargissent et se rejoignent pour former un large feutrage blanc-grisâtre.
– Progression : Sous ce feutrage, les feuilles se dessèchent, jaunissent, deviennent cassantes et finissent par tomber. La plante s’épuise car la photosynthèse est bloquée.
– Enfin déformations : Les jeunes pousses attaquées sont souvent rabougries.

L’urgence, les bons réflexes du jardinier

L’urgence est extrêmement élevée. Le mildiou peut détruire une culture entière en moins d’une semaine si les conditions sont favorables.

Les bons réflexes immédiats :

  1. Tout d’abord couper les premières feuilles ou pousses atteintes dès leur apparition pour ralentir la dissémination.
  2. Mettre les parties malades à la déchetterie ou les brûler. L’oïdium survit mal au compostage à chaud (montée en température), mais par précaution, mieux vaut l’écarter.
  3. Ensuite, stopper tout apport d’azote : Comme pour le mildiou, un excès d’azote (purin d’ortie, engrais « coup de fouet ») crée des tissus tendres et favorise l’oïdium. Arrêtez tout.
  4. Enfin rapidement, appliquez un traitement l’oïdium se traite très bien avec des solutions simples.(voir point suivant) sur les plantes sensibles encore saines environnantes.

 

Les traitements biologiques ou naturels

L’oïdium est sensible aux changements de pH et à certaines substances.

Le Soufre (Soufre mouillable) :

C’est le traitement historique, très efficace. Il agit par contact et vapeur.
Attention : Le soufre est phytotoxique (il brûle les feuilles) s’il est appliqué par forte chaleur (au-dessus de 25-28°C).
Usage en permaculture : Efficace, mais à utiliser avec parcimonie, tôt le matin ou le soir, et jamais en pleine chaleur.

Le Bicarbonate de Soude (ou de potassium) :

Très efficace. Il modifie le pH de la surface foliaire, la rendant alcaline, ce que le champignon déteste.
Recette : 1 cuillère à café de bicarbonate + 1 cuillère à café de savon noir (l’agent mouillant indispensable) dans 1 litre d’eau.
Usage : Pulvériser sur tout le feuillage, à renouveler après 1 à 2 semaines si besoin.

Le Petit Lait (Lactosérum) :

C’est l’un des traitements les plus efficaces, préventifs et curatifs contre l’oïdium. Ses protéines (notamment la lactoferrine) ont un effet fongicide et biostimulant.
Recette : 1 volume de lait (ou de petit lait, moins gras) pour 9 volumes d’eau.
Usage : Pulvériser en plein soleil (les UV semblent renforcer l’action) sur et sous les feuilles.

Bacillus subtilis :

Bacillus subtilis est une bactérie naturellement présente dans le sol et sur la phyllosphère (la surface des feuilles). C’est un micro-organisme bénéfique qui agit de plusieurs manières pour protéger les plantes contre diverses maladies, y compris l’oïdium (ainsi que le mildiou, la pourriture grise, et d’autres).
Mode d’action contre les maladies (dont l’oïdium) :
Compétition spatiale et nutritive : Le Bacillus subtilis colonise rapidement la surface de la feuille et des racines. Il occupe l’espace et consomme les nutriments que les champignons pathogènes (comme l’oïdium) auraient pu utiliser, les empêchant ainsi de s’établir et de se développer.

Les « Purins » (Décoctions ou Macérations) :

Décoction de Prêle : Très riche en silice, elle agit comme un « vernis » qui renforce la paroi cellulaire des feuilles, les rendant plus difficiles à pénétrer. C’est un excellent préventif. C’est mon chouchou au jardin !!!

La pulvérisation d’une décoction d’ail :
Hacher grossièrement 100 à 200 grammes d’ail (environ 2-3 têtes complètes).
Mettre l’ail haché dans 1 litre d’eau froide.
Porter à ébullition et laisser infuser pendant environ 20 minutes.
Laisser refroidir complètement, puis filtrer le mélange pour ne garder que le liquide.
Dilution :
La décoction d’ail pure est très concentrée. Il est recommandé de la diluer : généralement 1 volume de décoction pour 5 volumes d’eau.

 

La prévention en permaculture (focus sur la propagation)

La propagation se fait par le vent (spores) et elle est favorisée par un microclimat spécifique et des plantes stressées.

L’air stagnant et humide

La solution « permacole » :

– Gérer l’air (Aération).
C’est la mesure préventive N°1 contre l’oïdium.
Espacement : Ne plantez pas trop serré. Laissez l’air circuler. Pour les courgettes, 1m² par plant n’est pas un luxe.
– Taille : Aérez le cœur des plantes. Sur les courgettes, coupez les vieilles feuilles du centre qui touchent le sol. Sur la vigne, pratiquez l’ébourgeonnage et le rognage.
– Orientation : Orienter les rangs dans le sens du vent dominant.

Le stress hydrique de la plante

La solution « permacole » :

–  Gérer le sol (Humidité régulière).
L’oïdium adore les plantes qui ont « soif » au niveau des racines, mais qui baignent dans un air humide. Paillage (Mulching) : C’est le deuxième pilier. Un paillage épais garde l’humidité au pied, maintient le sol frais et évite le stress hydrique. C’est le meilleur moyen de contrer les « journées chaudes et sèches » qui favorisent la maladie.
– Arrosage : Arroser régulièrement, au pied, pour garantir une humidité constante au sol.

Une plante « dopée » mais faible

« La solution permacole » : La nutrition équilibrée.
– Éviter l’excès d’azote : Je me répète, mais c’est crucial. Un sol nourri au compost mûr et équilibré produira des plantes résistantes. Le purin d’ortie doit être utilisé avec une grande parcimonie.
– Stimuler les défenses : Utiliser la prêle ou le purin de consoude (riche en potasse, qui renforce les tissus) plutôt que l’ortie en période de risque.

Gestion des déchets de culture

La solution permacole : La « prophylaxie » (nettoyage).
L’oïdium hiverne sur les débris de culture ou dans les bourgeons des arbres fruitiers et de la vigne.
Nettoyage d’automne : Ramasser et évacuer toutes les feuilles et tiges malades (surtout des cucurbitacées). Ne pas les laisser sur le sol.

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